terça-feira, setembro 02, 2008

Resista, Fique !

LETTRE DE CHARLES MAURRAS A SALAZAR

A son Excellence, M. Salazar, Président du Gouvernement portugais
à Lisbonne

Monsieur le Président,

Mon chèr ami Marcel Wiriath qui part pour Lisbonne où il aura l`honneur de saluer Votre Excellence me propose de se charger pour Elle d`un message de moi. Bien que Wiriath n`ait guère que la moitié de mon âge, c`est déjà un vétéran de L`Action Française. Quand on m`a mis en prison et mon jeune neveu et fils adoptif est devenu mon tuteur, Wiriath a accepté de me servir de subrogé-tuteur. C`est dire as vieille amitié, que ne pouvait se tromper sur mês sentiments: il a deviné avec quelle joie je saisis l`occasion de vous dire, Monsieur le Président, l`admiration enthousiaste que m`inspirent vos travaux leurs succès, leur triomphe et, depuis quelque temps, la curiosité poignante avec laquelle est suivie la phase nouvelle (non critique, certes, mais grave) de la très noble histoire à laquelle vous avez donné votre personne et votre nom.
C`est à Votre Excellence que je pensais hier en relisant dans mon Horace l`ode XIV du premier livre, O navis referent in mare te novi ⎯ fluctus... Fortiter occupa-portum... interfusa nitentes ⎯ vite aequora Cyclados... Ce n`est point pédanterie, mais véritable sursaut du coeur. Depuis tant d`années, l`abri de bonheur mérité que goût votre peuple, ce grand oeuvre de stabilité et de prospérité qui vous a valu ce respect universel, représentent de si grands biens, si rares aujourd`hui, qu`un certain nombre d`Européens s`y sont attachés comme à leur patrimoine, leurs voeux lointains vous accompagnent et vous bénissent comme une part le leur propre destin. ⎯ Surtout, pensent-ils, ne nous manquez pas! Restez! Tenez! Vous venez de perdre le ferme soldat qui, sans coup férir, sans verser une goutte de sang, rétablit les affaires du Portugal et les assura dans vos fortes mains! Continuez, vous, d`élever le rameau d`or de l`ordre, de l`autorité et des libertés! Qu`il fleurisse chez vous et qu`il y fructifie, Peuple frère c`est encore une preuve ou, tout au moins, une signe qu`il ne s`est point flétrir pour jamais ailleurs.
Je ne crois pas au sens physique d`une race latine. Mais, de toute mon âme, je confesse l`esprit latin ou plutôt helléne-latin. Ce dernier correctif est fait du souvenir d`une grammaire portugaise, ouverte un beau matin de mon adolescence, où j`aperçus que votre article o, a, répétait la forme dorienne du vieil article grec: si fabuleuse et fantaisiste qu`elle finit par m`apparaître, la dérivation m`enchantait parce qu`elle me faisait entrevoir des compatriotes d`Homère peuplant la plus lointaine Hespérie jusqu`aux bords du fleuve océan. Nos parentés de langue, d`esprit, de religion, de moeurs n`en sont pais moins palpables. Ne vous semblent-elles pas un peu trop oubliès par nos temps d`internationalisme unificateur plus au moins fédéral ou confédéral? Tout devrait y faire penser: la puissance des autres; le peu de pouvoirs qui nous restent. Et je songe, non sans fierté mélancolique, à votre Goa, à votre Macao comme à notre Pondichéry... Nous y sommes encores en somme, alors que de plus puissants on dû déménager tout l`Inde, et ils foint leurs paquets en Chine! Sans nous flatter de supériorité ni de comparaisons qui seraient, hélas!, vaines, est-ce que nos dominations et les leurs ne se distinguent pas, celles-ci par la prise terrestre, horizontale, celle-là par un sens vertical dans la direction de l`esprit? Ce n`est sans doute là qu`un passé peut-être révolu, qui ne peut plus compter dans les figures de l`avenir. Mais Qui saît? Qui peut savoir? Quand vos navigateurs ont suivi le soleil couchant pour rechercher des mondes et fonder des empires, est-ce que leur sang et leur pensée n`y ont pas préparé de splendides et solides résurrections?
Multa renascentur. Vous avez engagé votre nation dans la voie de ces renaissances. Puisse-t`elle y rester, y courir et, tout en courant, nous y entraîner! Je suis l`homme de l`Espérance.
Veuille Votre Excellence pardonner ces longueurs peut-être divagantes. Mon ami Henri Massis qui eut l`honneur d`être reçu à Lisbonne m`a dit avec quelle ouverture de coeur et quelle lucidité de pensée Votre Excellence suit les choses de France. (C`est ce qui m`a rendu peut-être indiscret).
Avec mês excuses, je prie Votre Excellence d`agréer, tout mês voeux fervents pour son bonheur et pour celui de as très noble patrie.

Charles Maurras
8.321

Clairvaux, le 31 mai 1951.

In «Agora», n.º 376, pág. 7, 05.10.1967.

1 comentário:

Flávio Gonçalves disse...

Era um excelente serviço público traduzir a cartita...